I. Un cri retentit dans le manoir de la famille Baxter, ainsi les parents de la jeune Teddy s'engueulaient encore. Alors, blottie contre son frère aîné, l'adolescente ravalait ses larmes tant bien que mal. Elle entendait, des marches du grand escalier, les bruits de verres, de bouquins, qui s'écrasaient sur le sol, dans le bureau de son paternel. Teddy entendait ce dernier, bourrer sa mère de coups. Le brun, Jasper, attrapa sa main, l'entraîna dans sa chambre. Silencieuse, elle secoua brièvement la tête, avant d'aller s'enfermer, se laisser glisser contre la porte. Après sa mère, cela serait son tour. Teddy en avait parfaitement conscience. Ce serait de nouveau sur elle qu'il se défoulerait. Quoique la brune préférait prendre tout, tant qu'il ne s'attaquerait pas à Jasper. Il représentait l'une des personnes les plus importantes pour elle. Recroquevillée sur elle-même, Solveig ferma les yeux, alors que tantôt, son paternel toqua à la porte. « Teddy, ouvres cette porte ! » gronde-t-il. La brune prétexte un mal de tête. Il s'énerve, essaie d'ouvrir. Il lui crie d'ouvrir. Elle refuse. Elle tremble. Elle a tellement peur.. Il force la porte, cette dernière ne cède heureusement pas. Teddy entend les pas s'éloigner. Ce n'est pas terminé, elle en est persuadée. Elle entend un bruit, dans la serrure. Il a trouvé le double de sa mère. « Pourquoi Diable as-tu fermé cette porte à clef ?! » Le regard noisette de l'anglaise fixe le sol. Il l'attrape par le bras, la force à se relever, la gifle brusquement. Au simple toucher de la peau de sa propre fille, le digne Pete Baxter se transforme en véritable monstre, le désir si fou pour la chair de sa chair, son bébé, son tout, accroît en lui. Le calvaire recommence, encore et encore.

Le commissariat. Dieu seul sait comme Teddy l'a haït, avant de finalement l'adorer, à ce jour. Aujourd'hui, elle était interrogée par une adorable jeune femme pourvue d'une crinière blonde flamboyante. Elle n'a que seize ans, et déjà débute une longue affaire judiciaire. Elle avait tellement peur. Tellement peur de faire une énorme connerie. Briser sa famille. Quoique depuis que sa génitrice est morte, plus rien ne lui fait mal, peur. Sa décision était mûrement réfléchie, ainsi, si elle le faisait, c'était avant tout pour Jasper. L'interrogatoire se termine, enfin. Alors, elle sort du commissariat, se laisse lentement glisser contre le mur. Elle attrape une clope, l'allume, tire une longue taffe dessus. Dieu seul sait combien elle en a besoin.

II. La voilà arrivée dans ce bordel de foyer. Toutes ces greluches d'assistantes sociales et autres la chouchoutant comme ci elle était une gamine de dix ans. Non. Elle est loin d'être une petite fille, désormais. C'est une jeune fille renfermée, froide, distante, méchante, manipulatrice qui se révèle en elle. Une adolescente marquée par des épreuves si difficiles, des choses qu'on ne voit que dans les films. Pourtant, sa vie fut loin d'en être un. « Teddy, la directrice veut te voir. Tu as de la visite. » Les yeux rivés au sol, la cadette Baxter se lève, sortant de la chambre dans laquelle elle se confinait, depuis le début. Elle sort lentement, se dirige vers le bureau de
la directrice où l'attendent alors la famille Hopkins, soit une femme d'une quarantaine d'années aux cheveux châtains, un homme brun, assez grand, auquel elle ne donna ensuite pas plus de quarante cinq ans et un garçon, de son âge, sans doute, châtain, les yeux d'un bleu azur hypnotisant. « B-Bonjour.. » Ils lui eurent tous répondu, avec un air chaleureux qui rassura bien vite la jeune fille. Rapidement, elle découvrit que le couple était américain et désirait l'adopter, touchés par le passé si désastreux d'une gamine de cet âge, et bien décidés à rendre sa vie meilleure. Ainsi, elle eut accepté, ignorant que cela impliquait de quitter l'Angleterre, et Jasper dont aucune nouvelle ne lui est parvenue. Voici comment elle se retrouvait à Dearborn, dans le Michigan, à l'autre bout de l'Atlantique. Voici comment elle commença à se paumer, dans ses sentiments.

III. « Cher journal, je sais, il est rare que je t'ouvre. Ne m'en veux pas, tout est si compliqué, depuis que je suis ici. Oh, comme Jaz' me manque. Et puis... C'est tellement bizarre. Jamais je n'aurais cru pouvoir tomber amoureuse d'Elyes. En fait, je n'en ai aucune idée. Et puis, il s'en moquerait totalement. J'ai l'habitude, tout a toujours été ainsi dans ma foutue existence. Comme j'ai peur... »
Elle vient d'obtenir son diplôme, au lycée, et la voilà partie pour l'université. Alors acceptée à Princeton, Teddy préféra y aller, y passant deux années de suite, avant de partir en cours d'année, pour revenir à Dearborn. Elle a apprit que son frère, son grand frère, est visiblement arrivé, là-bas, chez ses parents adoptifs. Dieu seul sait ô combien Jasper lui a manqué. Elle a intégré l'université de Dearborn, dans l'espoir d'y retrouver son frère perdu, mais aussi Elyes. Ainsi, à son insu, les sentiments qu'elle avait pour le beau châtain ne firent qu'amplifier, la rendant assez hard. Prête à tout pour le lui faire remarquer, Teddy enchaîne également les conquêtes d'un soir. Pour oublier. Oublier un
passé de merde, un bordel. Une vie de merde, simplement. Elle a besoin d'Elyes, mais mademoiselle a sa fierté, alors elle se tait, en espérant qu'il s'aperçoive enfin que sa soeur adoptive ressent quelque chose pour lui.